Ryan Baumann : «A l’entraînement, je privilégie la qualité» TRAIL | Dimanche à Verbier, Ryan Baumann a terminé, pour la quatrième fois déjà, deuxième de l’X-Alpine du Trail Verbier St-Bernard, avalant les 111 km et 8400 m de dénivelé positif du parcours en 17 heures et 18 minutes. Meilleur Suisse de l’épreuve, le Valaisan d’adoption, né à Boncourt dans le Jura, raconte comment il s’entraîne et vit sa passion pour le Trail et la montagne.

Photos par : Photosports Bussat

Ryan Baumann, 42 ans et père de deux enfants, vit à Venthône, sur les hauteurs de Sierre, où il travaille en tant que responsable du Service des sports de la Ville. Né dans le Jura, à Boncourt, il a d’abord fait un apprentissage dans la banque, avant de quitter sa région natale pour Zurich. Il reste alors 5 ans dans la plus grande ville de Suisse, avant de prendre la direction des montagnes valaisannes. Plus précisément de Crans-Montana, où il a de la famille et où il a appris à skier.

Il y officie pendant 5 ans en tant que prof de ski, avant de devenir, pendant 10 ans, entraîneur de jeunes skieurs et des cadres C de Swiss Ski. En rejoignant la commune de Sierre il y a maintenant 5 ans, il a opté pour un mode de vie plus sédentaire que celui imposé par le monde du ski de compétition. Un mode de vie qui lui permet de partager plus de temps avec sa famille et de vivre sa passion pour la montagne et le Trail.

Un entraînement varié

trail vélan 2Après avoir arrêté le sport durant son apprentissage, Baumann s’y est remis en arrivant en Valais. Course à pied, vélo, ski-alpinisme, marche en montagne : il varie volontiers les plaisirs. Sans oublier les bases de condition physique dont il a compris l’importance aux côtés des meilleurs skieurs du pays. En 2006, suite à plusieurs participations à la Patrouille des glaciers, il décide de s’attaquer à L’Ultra Trail du Mont-Blanc (168 km et 9600 m de dénivelé positif) : véritable monument de la discipline. « A l’époque, le Trail commençait seulement à devenir tendance. Faire l’UTMB était alors un must : j’ai voulu essayer ». Débuts réussis puisque, loin de seulement terminer la course, il prend une excellente 31e place. Depuis, il a fait mieux encore, terminant 15e en 2009 de l’épreuve qui réunit chaque année quelque 2500 amateurs de gros défis. Sur le plan national, il a remporté l’argent des Championnats suisses de Trail en 2013 et le bronze en 2014. Seul point noir sur le palmarès du Sierrois d’adoption : deux abandons sur la Diagonale des fous à la Réunion (164 km et 9917 m de dénivelé).
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trail vélan 1Question entraînement, Baumann n’est pas du genre à avaler les kilomètres jusqu’à plus soif. « Avec la famille et le boulot, je privilégie à fond la qualité. L’hiver, je fais 6 à 8 heures par semaine; et l’été 8 à 10, jusqu’à 15 quand je m’offre un ou deux jours de congé. Des fois je fais des « week-ends chocs » pour préparer les longs Trails. Quatre semaines avant Verbier, par exemple, j’ai fait trois jours de suite trois séances de 4, 5 et 6 heures. Là, ça fait des semaines à 20 heures, mais il n’y en a pas beaucoup dans l’année ». Pour mieux encaisser les gros volumes de course sans aligner trop de kilomètres, il mise sur un entraînement hebdomadaire ciblé de condition physique d’environ 1 heure, avec du gainage, de la force pour les jambes et des exercices de pliométrie.

Il sait cependant que sa préparation actuelle, « suffisante pour être performant dans les courses populaires comme à Verbier », ne lui permet de loin pas de rivaliser avec les meilleurs spécialistes mondiaux.


Limité question entraînement par le temps à sa disposition, Baumann aime compenser en faisant les bons choix. Aussi en compétition : « Ce que j’aime beaucoup, dans le Trail, c’est que ce ne sont pas seulement les valeurs physiques ou génétiques qui font la différence. Il faut être en mesure de gérer un ensemble de facteurs sur la durée ».

Sur une course comme l’X-Alpine de Verbier, les adversaires n’ont d’abord pas le droit d’exister. Il s’agit avant tout de se gérer soi-même, de faire sa course. Mais au fur à mesure que les heures passent, il devient de plus en plus difficile de ne pas se prendre au jeu. Baumann raconte :

A Verbier, sur 111 km et 17 heures d’effort, il préfère s’arrêter le moins possible, afin de ne pas couper son rythme. De courtes pauses sont cependant indispensables, ne serait-ce que pour se ravitailler, ou encore se rafraîchir.

Mais pourquoi s’imposer de tels efforts ?« Pour la passion de la montagne ! Quand tu es dedans, tu réalises la chance que tu as d’être là. J’aime l’environnement, la liberté : courir en montagne. Et après, il y a quand même le petit truc en plus de la compétition : chercher la performance et se préparer pour un objectif. Si ça ne m’excitait pas, je ne porterais pas de dossard. J’aime bien aussi tout ce qui se passe avant la course : l’entraînement, progresser, travailler ses points faibles. Je pense que la compétition, ça aide à repousser ses limites ».

Image : le profil du Trail X-Alpine au départ de Verbier

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Ça fait mal partout !

« 111 kilomètres ça fait mal aux jambes : ça fait mal un peu tout partout ! Mais ce que j’adore, c’est sentir que le corps s’adapte de manière incroyable. Mardi matin, je disais à ma femme que je n’avais presque plus mal aux jambes. Alors que des fois, ces dernières années, c’était terrible ! Il me fallait des fois deux ou trois semaines pour me remettre physiquement et psychologiquement d’un Trail comme ça ».

A partir du 19 août, Baumann s’attaquera à un défi symbolique : la « Transvalaisanne ». Accompagné de Yan Balduchelli, il tentera de relier à pied les deux extrémités du Valais, entre le Col de la Furka et St-Gingolph par les sentiers de montagne (336 km et 23’000 m de dénivelé positif). Un défi entre amis que les deux hommes avaient déjà tenté sans succès l’an dernier.

Lien vers les résultats complets du Trail Verbier St-Bernard (11-12.07)

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